Parfois les collaborations s’étendent bien au-delà des acteurs initialement partie-prenantes à un projet de recherches. C’est ce qui s’est passé avec les deux équipes franco-suisses de l’EPFL et de l’Université d’Angers qui ont bénéficié du soutien du programme Germaine de Staël. Interview de Péter Szirmai, post-doctorant au Laboratoire de physique de la matière complexe de l’EPFL.
Bonjour Péter. En quoi consiste votre projet de recherche?
Notre projet de deux ans visait à étudier de nouveaux hybrides cristallins de conducteurs organiques et de rotors moléculaires pour révéler l'effet des composants des rotateurs sur l'état magnétique inhérent aux systèmes en basses dimensions. Nous avons donc uni nos forces à celles de nos partenaires français à l'aide d'un ensemble complexe de méthodes expérimentales. L’équipe de l’Université d’Angers s’occupait de synthétiser ces matériaux que nous caractérisions ensuite à Lausanne.
Le résultat remarquable de ce travail est la découverte d’un état liquide de spin. Nous avons montré qu’il est associé selon un mécanisme sans précédent aux degrés de libertés moléculaires installés délibérément dans le système.
Quel type de soutien avez-vous reçu du programme Germaine de Staël?
Le financement du programme Germaine de Staël nous a apporté une aide significative et a grandement facilité la collaboration entre les équipes. La prise en charge des frais de déplacement nous a permis de nous rencontrer régulièrement et d’organiser des symposiums dans les instituts pour donner de la visibilité aux recherches. Nous avons pu grâce au soutien du programme participer à des conférences qui ont été très stimulantes et ont permis de nouer des contacts avec d’autres équipes de recherche.
Comment s’est déroulée la collaboration?
Nous avions déjà des collaborations avec l’équipe de l’Université d’Angers. Mais grâce au programme, nous avons pu nous voir plus régulièrement et donc faire avancer le projet de recherche plus efficacement. Les échanges ont également permis d’approfondir la relation. Nous communiquons principalement en français, ce qui m’a également permis à moi qui suis d’origine hongroise de faire des bons progrès dans ce domaine!
A l'heure d'internet, est-ce que cela sert encore à quelque chose de se déplacer physiquement pour se rencontrer?
C’est plus nécessaire que jamais ! En effet, dans le cadre de ce projet, nous étions en contact fréquent par e-mail ou téléconférence avec nos homologues français, environ une fois par semaine. C’est efficace dans le travail instantané, mais ça ne remplace pas les rencontres en personne qui, bien anticipées, deviennent alors très productives. Le langage entre la chimie et la physique est somme toute assez différent, et pour bien se comprendre les rencontres sur sites ont permis de donner un bon cadre aux discussions. Et puis en ce qui concerne les conférences, il est indispensable d’être physiquement sur place pour présenter ses résultats et échanger avec les autres chercheurs.
Est-ce que vous allez poursuivre la collaboration avec l’équipe française?
Oui, nous y travaillons déjà et avons impliqué de nouveaux partenaires de recherche. Les contacts noués durant les conférences ont en effet permis d’élargir les collaborations internationales avec des équipes en Tchéquie, en Allemagne et nous avons été impliqués dans l’interaction de l’équipe française aux Etats-Unis. Avec eux, nous travaillons sur d’autres catégories de matériaux en cours de développement.
Est-ce que vous recommanderiez le programme?
Oui, absolument. Je pense que ce programme offre l’opportunité de créer de vraies collaborations, dans un cadre plus flexible que celui des programmes de soutien habituels. C’est vraiment simple et efficace au niveau de l’administration, les collaborateurs de la SATW ont été très attentifs à nos besoins et très réactifs à nos demandes. Cette simplicité du cadre administratif crée un contexte dans lequel c’est un bonheur de travailler.
A propos du programme Germaine de Staël
Le programme Germaine de Staël soutient la collaboration entre les chercheurs français et suisses en prenant en charge les frais de déplacement et de logement lors de missions courtes (moins d'un mois) auprès de l’équipe partenaire.
L'objectif de ce programme est de développer les échanges scientifiques et technologiques d'excellence entre les laboratoires et équipes de recherche des deux pays, en favorisant les nouvelles coopérations.
La période de postulation pour intégrer le programme Germaine de Staël est ouverte. Vous pouvez déposer votre dossier jusqu’au 7 juin. Plus d’infos ici.